De façon un peu rapide, mais j’y reviendrai, voici quelques parutions, récentes ou imminentes. Elles arrivent bien à point pour justifier que nous restions lire au chaud…
Enfin l’Elféméride vint…
L’Elféméride, Le grand légendaire des saisons, Automne-Hiver
« C’est ce que je veux raconter : le conte du coquelicot, l’histoire du passereau, celle des rouges-gorges, des hirondelles – tout un fantastique du quotidien qu’on ne regarde plus, qu’on oublie, alors qu’il est là, tout autour de nous. Je trouve épouvantable que les journalistes te disent : « Voilà ce qu’il faut retenir de l’actualité aujourd’hui ! » On devrait te dire au moins deux mots des légendes dans la journée. J’ai donc envie de le faire, au jour le jour, dans un almanach. » Ainsi parlait Pierre Dubois en 2008, dans une interview parue sur le site de Elbakin. Le livre qu’il évoquait alors sera dans les librairies le 21 octobre.
Pour cet Elféméride, le couple mythique Dubois-Hausman s’est reformé sous la houlette de Lionel Hoëbeke, l’éditeur historique des Grandes Encyclopédies par lesquelles toute la féerie a (re)commencé il y a vingt ans. Bonne nouvelle supplémentaire, un deuxième volume est prévu dans un certain temps ! Les enchantements détestent la précipitation.
Pierre Dubois et René Hausman, l’Elféméride, Le grand légendaire des saisons, Automne-Hiver.
24 x 31, 192 p., parution le 23/10/2013, 32€.
L’heureux mariage de Jules Verne et de Turner
Steampunk, de vapeur et d’acier
L’album Steampunk, de vapeur et d’acier, de Didier Graffet et Wavier Mauméjean, vient de paraître au Pré-aux-Clercs. Le titre renvoie à Rain, Steam and Speed – The Great Western Railway de Turner, et la présence des monstres d’acier perçant la nuit renforce cette évocation. L’écrivain et le peintre, Verne et Turner, voilà sans doute la clé de cette union peut-être improbable… Quoi qu’il en soit, on trouvera « Paris, Londres, Chicago, Pékin, Berlin, Rome, New-York comme on ne les a jamais vus. L’océan, la terre, les airs et les déserts comme dans nos rêves les plus puissants et les plus fous… ». Les tableaux de Didier Graffet sont d’une splendeur sombre, force titanesque et décors hallucinants. Chacune de ses œuvres s’accompagne d’un texte de Mauméjean, et Philippe Druillet a signé la préface.
Steampunk, de vapeur et d’acier, Le Pré aux clercs, 120 pages, 29 €
Complainte pour un mal-aimé
Mordred
Mordred, celui dont on ne veut pas parler ? Le bouc émissaire de la légende, que les auteurs n’ont pris peine de cerner que pour mieux l’accabler, condamné par sa conception même… En voyant Justine Niogret, dont Chien du Heaume nous avait simplement coupé le souffle – une impression que nous n’avons pas reniée en lisant Mordre le bouclier – nous savions que ses pages allaient s’ouvrir sur un autre Mordred. Voici ce qu’en écrit le très intéressant Blog-o-livre : « C’est cette proximité et cette découverte d’un héros souvent mal-aimé, haï et détesté par rapport à son destin qui happe le lecteur … Une histoire au rythme lent, une histoire avec peu d’action, mais qui offre un récit profond, initiatique et personnel. L’auteur n’oublie pas pour autant l’aspect magique et mystique, qui, certes, reste en retrait (il n’est pas l’objet principal) mais ajoute une touche de mystère au roman. Surtout, l’un des points fort du récit vient de l’atmosphère que met en avant l’auteur, une atmosphère sombre, emplie de mélancolie et de tristesse, le tout lié à un personnage qui n’est peut-être qu’une marionnette du destin. Une ambiance qui colle parfaitement à la fin d’un mythe, la tristesse d’une mort inéluctable et nécessaire. » Il faudrait aussi évoquer le style et l’art des mots de Justine, sa maîtrise de l’univers médiéval sans avoir recours aux clichés et poncifs si faciles…
Justine Niogret, Mordred- Mnémos- août 2013 / Grand format 168 pages / 17 €
Une indéfectible fidélité aux terres celtes
Sur la route des plus belles légendes celtes
C’est ce que dit Sur la route des plus belles légendes celtes,le superbe livre qu’a voulu Alan Stivell, et pour lequel il s’est entouré de Thierry Jolif et d’Yvon Boëlle. Fidélité aux terres de l’Ouest, fidélité à une langue, fidélité surtout à une inspiration présente depuis des décennies, au temps où le jeune Alan pas encore Stivell rencontrait la harpe que son père créa pour lui. Nourrie des mythes et des légendes, sa musique s’est baignée dans les eaux qui recouvrirent Ys, dans le galop du cheval gris attelé au char de CuChulainn, dans la mémoire de la douce Azénor, parmi bien d’autres… Ces mêmes images archétypales nourrissent l’inspiration d’Yvon depuis très longtemps, des récits fondateurs dont parle Thierry Jolif avec sagacité et passion.
Sur la route des plus belles légendes celtes a été présenté en avant-première au Centre Arthurien, à Comper-en-Brocéliande, le samedi 12 octobre; les photos qui suivent ont été prises à cette (grande) occasion.
Alan Stivell, Thierry Joli, Yvon Boëlle, Sur la route des plus belles légendes celtes, 16 octobre 2013,grand format relié sous jaquette, 192 p., 35 €.
Le renouveau est en marche
Bestiaire fantastique et créatures féeriques de France
De jeunes auteurs passionnés, sous l’égide évidente de Pierre Dubois à qui ils rendent humblement hommage, endossent à leur tour le costume de l’encyclopédiste. Richard Ely, notre ami belge amoureux de toutes les féeries, avait déjà publié ce printemps, Le Grand Livre des Esprits de la nature, chez Véga, richement illustré de manière très Art déco par Frédérique Devos. Avec Amélie Tsaag Valren – nous saluons ici son premier livre – il vient de faire paraître chez Terre de Brume, Bestiaire fantastique et créatures féeriques de France, dont le titre se passe d’explication. Richard l’affirme, voici « plus de 600 créatures féeriques des régions de France. Un ouvrage qui vous permettra de repérer les lutins et garous de votre département et région et qui, chose pas si commune que cela, traite exclusivement d’êtres français. » Un seul (petit) point reste à préciser : les créatures fantastiques sont-elles encartables dans le découpage des départements, œuvre d’une Révolution qui prétendait chasser les viles croyances et dans laquelle les elficologues auraient dû s’asseoir sur le Siège périlleux.
Bestiaire fantastique et créatures féeriques de France. Terre de Brume (Bibliothèque du merveilleux), 11 octobre 2013), broché, 320 pages.21 €
A bientôt pour d’autres nouveautés, d’autres commentaires, et les programmes des jours à venir.
Claudine Glot